Toshio Saeki

Toshio Saeki est né en 1945 à Miyazaki et décédé en novembre 2019 à Chiba (JP).

Maître de l'érotisme japonais, Saeki a d’abord travaillé dans la publicité avant de se consacrer, dès les années 1970, à des œuvres mêlant surréalisme, violence et désir, par l’intermédiaire du magazine Heibon Punch. Les encres et estampes de Toshio Saeki représentent des scènes mêlant des thèmes érotiques, humour et horreur. La ligne pure et la simplicité formelle de ses travaux contrastent avec les tabous brisés par ses sujets. Ses œuvres réhabilitent le Shunga — littéralement « image de printemps » : gravures érotiques japonaises du XVIe au XIXe siècle représentant les courtisanes, les geishas — et les Yokaigas — images folkloriques japonaises de monstres et esprits — dans une version moderne.

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« Saeki n’a eu de cesse de développer ses remarquables talents de dessinateur et de coloriste afin d’explorer toujours plus profondément les contrées obscures de l’inconscient.
Les deux principaux ingrédients de son art sont la concision du trait —fruit d’une extrême maîtrise de soi et d’une lucidité sans faille — et la passion pour l’eros (ou l’ero, un terme japonais qu’il lui préfère, car selon l’artiste, s’y profile de surcroit l’idée de la mort). Autrement dit : une ligne claire et de sombres desseins.

L’univers sulfureux de Saeki est utéro-centré. Tout gravite autour de cet œil cyclopéen qui est à la fois matrice, grotte effrayante, refuge, source de jouissance et boîte de Pandore. Chacune de ses œuvres constituent autant de seuils et de passages dérobés menant directement de l’état de veille à l’état de rêve ou de cauchemar, via l’art du trait.

Chaque dessin raconte une histoire. Il y a des voyeurs et des voyeuses, des pervers et des suppliciés. Une jeune femme en tenue d’écolière, la main dans la culotte, observe à la dérobée une scène de copulation tandis qu’un vieillard libidineux jouit en cachette du double spectacle offert. Une mère décapitée court après sa progéniture. Des monstres s’attaquent à des adolescentes. Une nonne lubrique vaque à ses plaisirs. Des vieillards à tête de phallus commettent des forfaits dérisoires ou tragiques. Et souvent, au cœur du cauchemar, les plaisirs culinaires se mêlent à ceux du sexe.

Une œuvre sublime et terrifiante, que l’on se doit d’accompagner ici de l’alléchante formule d’usage : «à ne pas mettre entre toutes les mains», ou bien encore «réservé à un public averti». Vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenu. »

David Rosenberg


Toshio Saeki was born in 1945 in Miyazaki, he died in November 2019 in Chiba (JP).

A Japanese Master of Eroticism, began his career in advertising before deciding in 1970 to concentrate on his artwork. The result was images which mix surrealism, violence and desire, first appearing in the magazine Heibon Punch. Toshio Saeki’s inks and prints present scenes which blur the boundaries between eroticism, humour and horror. His dedication to clean, pure lines and simplicity of form and shape form a stark contrast to the divisive social and cultural taboos addressed through his images. His works serve as modern interpretations of the Japanese genre Shunga – an expression of sex and pleasure – which was popular from 1600 to 1900 and which includes works by masters such as Hokusai and Kunisada. The works varied hugely in subject, often featuring courtesans, geishas, Yokaigas and images of Japanese folklore, such as monsters and spirits.

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« Saeki has never ceased to develop his remarkable talents as a draughtsman and colorist in order to explore ever more deeply the darker regions of the unconscious.

The two main ingredients of his art are the conciseness of the line - the fruit of extreme self-control and unfailing lucidity - and a passion for eros (or ero, a Japanese term he prefers, because the idea of death is also present according to the artist). In other words: a clear line and dark designs.

Saeki's sulphurous universe is built around the uterus. Everything revolves around this Cyclopean eye which is at the same time matrix, frightening cave, refuge, source of pleasure and Pandora's box. Each of his works constitute as many thresholds and hidden passages leading directly from the waking state to the state of dream or nightmare, through the art of line.

Each drawing tells a story. There are voyeurs, perverts and tortured. A young woman in a schoolgirl's outfit, with her hand in her panties, secretly observes a copulation scene while a libidinous old man sneaks off to enjoy the double spectacle. A decapitated mother runs after her offspring. Monsters attack teenage girls. A lecherous nun indulges in her pleasures. Old men with phallus heads commit derisory or tragic crimes. And often, in the heart of the nightmare, culinary pleasures mingle with those of sex.

A sublime and terrifying work, which we must accompany here with the usual tempting formula: "not to be put in all hands", or "reserved for an informed public". You will not be able to say that you have not been warned. »

David Rosenberg


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